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Photo du rédacteurClémence Tourneur

Retour sur le Projet de Recherche de Morgan Dondin - Mars 2020

En Mars 2020, certains élèves du PNSD Rosella Hightower, sur la base du volontariat, ont participé à un travail de recherche mené par Morgan Dondin, dans le cadre de son Master 2 de Psychologie Clinique de la Santé à l'Université Paris Descartes.


Voici un retour de son travail :

 

La question de recherche de cette étude était d’évaluer quels étaient les liens entre la douleur, les blessures et des aspects physiques et psychologiques chez des danseurs classique préprofessionnels enfants et adolescents.

Les aspects physiques pris en compte étaient la fatigue, l’indice de masse corporelle et l’hypermobilité articulaire. Les aspects psychologiques étaient l’anxiété et la fatigue psychique liée au sport.


Les mesures se sont faites en deux temps :

Dans un premier temps, les élèves avaient une mesure physique, où nous leur faisions exécuter des mouvements simples afin de déterminer leur score d’hypermobilité articulaire (c’est-à-dire leur niveau de souplesse).


Exemple : hyperextension du poignet


Dans un second temps, ils avaient un ensemble de questionnaires à remplir :

  • Un questionnaire sociodémographique relevant le nombre d’années de pratiques de la danse, le nombre d’heures par semaine, leur classe, la prise de traitement ou non, la présence d’une maladie ou non, leur niveau de fatigue et leur niveau de douleur.

  • Un questionnaire nommé l’échelle d’anxiété pour enfants de Spence, permettant d’évaluer le niveau d’anxiété chez les enfants et adolescents.

  • Un questionnaire de Fatigue de l’Enfant Sportif (QFES), évaluant la fatigue liée à différents domaines de l’entrainement sportif : la performance sportive, l’appétit et le sommeil, la motivation, l’attention et la concentration, le comportement relationnel, ainsi que la confiance.

  • Un tableau où ils devaient indiquer les blessures qu’ils avaient subies au cours des 18 derniers mois lors de leur pratique de la danse.

La participation des élèves se faisait sur la base du volontariat. Toutes les données ont été récoltées, analysées et conservées de manière anonyme : il est donc impossible de relier quelconque information à un élève. De plus, aucune donnée n’a été analysée individuellement, car les analyses se sont faites sur les moyennes obtenues sur tout le groupe de participants.


Au total, 73 élèves ont participé à cette étude (18 hommes, 55 femmes), avec une moyenne d’âge de 13,8 ans. Le score d’hypermobilité moyen était de 4,82 sur 9 pour le groupe entier. Cependant, on a observé que les femmes étaient en moyenne plus hypermobiles que les hommes, avec une moyenne de 5,31 pour les femmes et de 3,33 pour les hommes, ce qui était attendu, car de manière générale, les femmes sont plus souples que les hommes.



Les élèves ont rapporté un total de 74 blessures sur les 18 derniers mois avant la passation de cette étude. 53 blessures chez les femmes et 21 chez les hommes. 28 participants ont indiqué n’avoir eu aucune blessure sur cette période. Et 10 participants ont indiqué être blessé au moment de l’étude. Parmi les 74 blessures obtenues par 45 des participants, 14 blessures concernaient le haut du corps et 60 blessures touchaient les membres inférieurs (majoritairement des entorses de cheville). Les participants devaient indiquer la cause de la blessure. Nous avons donc pu déterminer les trois principales causes de blessures : une surutilisation (38 % des blessures), un faux mouvement (34 % des blessures) et les chutes (17,5 % des blessures). Les 10,5 % restants n’avaient pas de cause identifiée par les participants. Suite à une blessure, les participants ont manqué en moyenne 9,26 jours d’entrainements, mais indiquaient avoir nécessité en moyenne 34,01 jours pour le rétablissement de la blessure. Ce qui indique donc que les participants reprennent en moyenne la danse avant que leur blessure ne soit totalement rétablie.


Le score d’anxiété moyen était de 36,74 (sur un total de 114) indiquant que le niveau d’anxiété moyen des élèves n’était pas élevé, mais dans le seuil normal. Le score moyen à l’échelle de fatigue de l’enfant sportif était de 35,51 sur 120. Ils étaient donc en-dessous du seuil de fatigue anormale de 45.


Les analyses statistiques des données obtenues ont permis de relever plusieurs liens entre nos facteurs, le niveau de douleur et le nombre de blessures. Nous avons observé que plus le score de fatigue augmentait, plus le niveau de douleur rapporté par les élèves augmentait. Plus la fatigue était importante, plus les élèves manquaient d’entrainements suite à une blessure. Le nombre de blessures était lié au niveau de douleur et au nombre d’entrainements manqués. De plus, nous avons observé que plus les participants avaient un niveau d’anxiété élevé, plus leur niveau de fatigue était élevé également. Suite à cela, des analyses plus poussées ont été effectuées pour mieux comprendre les liens entre les facteurs.


Nous avons donc remarqué que le niveau de fatigue générale et la fatigue liée à l’activité sportive prédisaient le niveau de douleur. Ceci signifie que plus le niveau de fatigue augmentera, notamment lié à une pratique intensive de la danse sans récupération efficace par la suite, plus la personne exprimera des niveaux de douleur plus élevés. Un autre résultat important que nous avons observé est que plus un élève est souple, plus il risque de se blesser. Ce résultat n’est pas surprenant du fait que la souplesse articulaire (l’hypermobilité) est associée à une certaine fragilité des tissus.



En conclusion de cette étude, nous avons observé qu’auprès de cette population, le niveau d’anxiété n’entrait pas en jeu dans le risque de blessure, ni dans le niveau de douleur perçue. En revanche, la fatigue impacte le niveau de douleur perçue. Cependant avec nos résultats nous ne pouvons pas définir la cause de cette relation. Nous pouvons émettre l’hypothèse que la fatigue impacte nos capacités d’adaptation et de faire face à des situations telles que la douleur, faisant que nous la ressentons plus.

Une autre hypothèse serait que la fatigue liée à l’entrainement se répercute dans le corps et augmente la perception de douleur liée à l’activité de la danse qui est exigeante physiquement.

Cependant, ce ne sont que des hypothèses proposées et des recherches plus poussées sur ces résultats doivent être menées pour en comprendre la cause.

Malgré cela, nous avons vu que la fatigue n’augmentait pas le risque de se blesser. En revanche, un des facteurs qui augmente le risque de blessure est l’hypermobilité articulaire. Ceci peut s’expliquer par le fait que la littérature a démontré que plus une personne est souple, plus elle nécessite de renforcer les zones articulaires afin de compenser la laxité de l’articulation. Des études futures pourraient permettre d’évaluer la mise en place de prises en charge adaptées à chaque personne en fonction de son niveau de souplesse, afin de proposer des exercices spécifiques à chacun pour améliorer la stabilité, le contrôle et la force des zones hyper mobiles, pour minimiser le risque de blessure (notamment des entorses et luxations).


En remerciant tous les élèves pour leur participation et les membres de l’école de danse ayant permis la réalisation de cette recherche.

Je reste à votre disposition pour tout renseignement supplémentaire (morgan.dondin@gmail.com).


Morgan Dondin

 

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